Histoire des cimetières de la Ville de Bruxelles

Moyen-Age

Au Moyen-Age, l'église est en charge des inhumations. Souverains, aristocrates et membres du haut clergé sont inhumés au sein du sanctuaire. Le commun des mortels dans le cimetière attenant à l'église. Au fil des siècles, l'augmentation de la population, les épidémies de choléra entraînent une désaffectation des cimetières.

Décret de l'Empereur Joseph II

Le 26 juin 1784, l'Empereur Joseph II promeut un nouveau décret. Il vise à prévenir l'insalubrité en interdisant d'ensevelir les morts près des églises. Ce décret ordonne également d'entourer les cimetières d'un mur d'enceinte et leur désaffectation à l'intérieur des villes.

Suite à ce décret :

• Le cimetière de Laeken reste le seul autour de l'église
• Les paroisses de la Ville de Bruxelles s'associent pour ouvrir trois nouveaux cimetières à Saint-Josse-ten-Noode, Saint-Gilles et Molenbeek-Saint-Jean

Le cimetière de Haren, autour de l'église Sainte-Elisabeth, n'est pas concerné par ce décret. Ce n'est que vers la fin du 19e siècle qu'il arrive à saturation sans possibilité d'extension. Un terrain à l'extérieur de de la zone d'habitation devient alors le nouveau cimetière.

Décret napoléonien

En 1804, un décret napoléonien confie aux communes la gestion des cimetières. Le principe de concession à perpétuité apparaît alors. Les familles en profitent pour édifier de véritables monuments commémoratifs, parfois très coûteux mais destinés à perdurer. Certains architectes et sculpteurs, souvent de grands noms, interviennent sur ces monuments.

La première reine des Belges, Louise Marie demande d'être inhumée à Laeken. Tant la noblesse que la bourgeoisie se précipitent alors pour être enterrées à proximité. Ils construisent des monuments souvent impressionnants et couteux.

"La guerre des cimetières" marque le 19e siècle. Les partisans de la gestion des cimetières par les fabriques d'églises affrontent ceux de la gestion par les autorités civiles. La Cour de Cassation doit s'emmêler et accorde la gestion des cimetières aux communes.

Cimetière de Bruxelles (Evere)

L'urbanisation croissante empêche l'extension des cimetières. Le 2 juin 1874, le collège communal décide d'acheter 30 hectares de terrain sur la commune d'Evere. Un vaste cimetière principal doit y prendre place. L'architecte Louis Fuchs imagine un parc paysager dont moins de la moitié pour les inhumations. Une acquisition supplémentaire de terrain porte rapidement la superficie totale à 38 hectares.

Le cimetière de Bruxelles est traversé par de larges avenues reliant d'importants ronds-points. Sur ceux-ci, des monuments funéraires imposants. Les parcelles sont délimitées par des haies le long des chemins sinueux. Victor Jamaer, l'architecte de la Ville conçoit les deux importants pavillons néo-étrusques de l'entrée ainsi que le dépôt mortuaire, au fond du cimetière. Neuf cents sépultures de notables sont transférées des anciens cimetières désaffectés vers le nouveau cimetière. Parmi celles-ci :

• les victimes anglaises
• les anciens combattants de la bataille de Waterloo
• Joséphine Napoléone de Montholon la "filleule" de l'empereur Napoléon
• le peintre Jacques-Louis David
• François Van Campenhout, le compositieur de la Brabançonne
• Adolphe Quetelet, le fondateur de l'Observatoire Royal
• Charles De Brouckère, Bourgmestre de Bruxelles

Le cimetière de Bruxelles est inauguré le 15 août 1877 par le Bourgmestre de Bruxelles Jules Anspach.

Cimetière de Laeken

Au cimetière de Laeken, les demandes d'inhumations ne cessent d'augmenter. Afin de maximiser l'espace disponible, un système de galeries souterraines est proposé en 1876. C'est Emile Bockstael, ingénieur et futur bourgmestre de Laeken qui se charge de cette construction. Inédites en Belgique, ces galeries s'inspirent de celles existantes en Italie, Espagne ou Portugal.

© Cimetière de Laeken, AVB - ASB CI C-02833

Cimetière de Neder-Over-Heembeek

Les bourgades de Hembeek inférieur (Neder) et de Hembeek supérieur (Over) ont chacune leur propre église paroissiale avec cimetière. À Neder-Hembeek : Saints Pierre et Paul, à Over-Hembeek : Saint-Nicolas. Si les deux bourgades fusionnent en 1840, ce n'est qu'en 1893 que la commune achète des terrains pour en faire un champs de repos. Opérationnel dès 1895, les deux anciens cimetières paroissiaux sont alors désaffectés. En 1935, le cimetière de Neder-Over-Heembeek sera agrandi et aura la superficie telle qu'on le connait aujourd'hui.

Cimetière de Haren

Après l'annexion de Haren à Bruxelles en 1922, l'ancien cimetière est à l'abandon. Tout comme pour Neder-Over-Heembeek, on procède à l'enlèvement des pierres sépulcrales et au transfert des concessions dans le nouveau cimetière. Et l'ancien cimetière devient un parc public.

Cérémonies et commémorations aux cimetières

Commémorations annuelles

Chaque 1er novembre, à l'occasion de la Toussaint, les autorités de la Ville de Bruxelles rendent plusieurs hommages aux anciens combattants et aux figures illustres. Plusieurs cérémonies sont accompagnées de dépôts de fleurs.

Cérémonies aux cimetières de Bruxelles à Evere, Laeken, Neder-Over-Heembeek et Haren ainsi qu'au crématorium d'Uccle.

Une quinze de fois par an, des ambassades étrangères et diverses associations commémorent des évènements importants comme la bataille de Waterloo ou rendent hommage à des personnalités, par exemple Théodore Verhaegen, fondateur de l'Université Libre de Bruxelles.

Commémorations exceptionnelles

A l'occasion de dates anniversaires, ces commémorations honorent la mémoire d'évènements majeurs : 50 ans de l'incendie du grand magasin "A l'Innovation" en 2017, centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, en 2018.

Service des Inhumations de la Ville de Bruxelles, AVB - ASB CI F-0633, 1913 © Lux