Art nouveau, art public

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Dans le cadre des Journées du Patrimoine 2023 dédiées au thème Art nouveau - art pour tous ?, la Cellule Patrimoine historique de la Ville vous convie à une déambulation à travers Bruxelles. Pour l'occasion, des panneaux explicatifs sont disposés à hauteur de chacune des oeuvres sélectionnées parmi le patrimoine de la commune.

L'exposition se déroulera du 16 septembre au 15 novembre 2023.

La courte période d'éclosion de l'Art nouveau (1893-1914) nous a laissé un patrimoine inestimable. Malgré les destructions survenues dans la première moitié du 20e siècle, et grâce à un regain d'intérêt que l'on peut qualifier de "post-moderne", les rues de Bruxelles offrent l'occasion de s'émerveiller devant des oeuvres singulières et parfaitement reconnaissables. L'Art nouveau a trouvé son expression dans la réalisation de demeures privées pour une clientèle fortunée et éclairée. Le génie que renferment ces maisons est avant tout à ressentir de l'intérieur. L'Art nouveau n'est-il pour autant qu'un mouvement élitiste et confidentiel ? Le croire équivaudrait à oublier une des ambitions de ses créateurs : rendre la beauté visible et accessible à tous.

L'art des vitrines et des étalages dans lequel ont excellé plusieurs créateurs de l'Art nouveau a presque totalement disparu, victime du phénomène de mode qui en avait suscité l'apparition. La façade publicitaire du Palais du Vin en constitue un lointain écho. Heureusement, les compositions décoratives, hissant certaines réalisations au rang de manifeste d'une avant-garde généreuse et expansive, ont laissé plus de témoignages. C'est le cas de la maison-atelier du peintre Cortvriendt qui témoigne de l'ambition artistique affichée par son propriétaire. L'architecture scolaire conserve plusieurs exemples témoignant de la volonté d'offrir aux enfants un lieu d'étude qui leur permette de développer leur goût pour le Beau. C'est le cas du Jardin d'Enfants de Horta et l'Institut Diderot de Jacobs.

Si la sculpture de cette époque ne peut pas être qualifiée d'Art nouveau, elle trouve un environnement particulièrement propice à sa mise en valeur. L'espace public bruxellois en conserve des témoignages, parmi lesquels les monuments à Charles Buls, Frédéric de Mérode et Max Waller. Dans un contexte à la fois plus intime et affectif, l'art funéraire est l'occasion pour les artistes de réaliser des oeuvres à plusieurs mains. Une promenade au cimetière de Bruxelles offre l'opportunité de s'en souvenir.

Carte du centre-ville :

Carte des panneaux du centre-ville

Carte du cimetière de Bruxelles :

Carte du cimetière de Bruxelles

Back to Nature 1900

F. Toussaint, Café Jacqmotte, Bruxelles, lithographie sur papier, 1896
F. Toussaint, Café Jacqmotte, Bruxelles, lithographie sur papier, 1896 © AVB, CI, Affiches 1900-39

Carte postale ancienne du Monument à Charles Buls
Carte postale ancienne du Monument à Charles Buls (sans l'inscription en néerlandais), 1902-1903 © AVB CI W 8180

Date de création : 1898 à 1899
Sculpteur : Victor Rousseau (1865-1954)
Architecte : Victor Horta (1861-1947)
Matériaux : pierre blanche et bronze, dorure

Abritée par la galerie de la maison de l'Étoile, cette œuvre rend hommage à Charles Buls (1837-1914), homme politique libéral belge, échevin de l'instruction publique puis bourgmestre de la Ville de Bruxelles.

Le monument résulte d'une souscription lancée en 1897 par le cercle d'artistes "Pour l'Art", en vue d'offrir à Charles Buls un témoignage de gratitude pour son engagement envers la préservation du patrimoine et son action pour la restauration de la Grand-Place.

Conçue par l'architecte Horta et le sculpteur Rousseau, l'œuvre conjugue subtilement Art nouveau et Symbolisme (mouvement artistique et littéraire contemporain).

Au centre figure un adolescent tenant une lampe allumée qui incarne la lumière spirituelle. Le bras gauche du jeune homme s'élève vers la dédicace à Buls. La traduction en néerlandais a été ajoutée dans un second temps. La partie inférieure est occupée par un socle sur lequel figure une femme assise posant un compas sur un plan. Celle-ci symbolise l'Architecture.

À l'arrière, finement modelée, on distingue une représentation de la Maison du Roi, située à quelques pas. Il est également fait mention, à la demande de Buls lui-même, des maîtres architectes brabançons qui ont œuvré à la construction de la Grand-Place. Autour de ce socle, Horta déploie la ligne en "coup de fouet" qui caractérise l'Art nouveau de tendance végétale. On trouve également une branche d'acacia. Cette dernière évoque la mort d'Hiram, architecte du temple de Salomon, allusion (tout comme le compas) à l'appartenance de Buls à la franc-maçonnerie. En bas de l'œuvre, une frise de végétaux clôt la composition.

Monument au comte Frédéric de Mérode
Inventaire des monuments © DDGM Architectes Associés pour la Ville de Bruxelles

Date de création : 1897 à 1898
Sculpteur : Paul Du Bois (1859-1938)
Architecte : Henry Van de Velde (1863-1957)
Matériaux : pierre bleue, bronze

Initialement baptisée place Saint-Michel, la place des Martyrs changea de dénomination lorsqu'il fut décidé, peu de temps après l'indépendance du pays (1830), d'y ensevelir les victimes des combats de la révolution. Une crypte et un monument signalent leur présence en son centre.

Au sud de la place se trouve le monument à Frédéric de Mérode (1792-1830). Troisième d'une fratrie de quatre fils qui se sont tous investis activement dans les institutions de la jeune Belgique, Frédéric participe à la défense du pays en s'engageant comme simple volontaire. Aux côtés notamment de l'auteur de la première Brabançonne, Louis Dechet (1801-1830) dit Jenneval dont le monument se trouve à l'autre extrémité de la place, il s'illustra brillamment à la bataille de Lierre face aux troupes hollandaises pourtant supérieures en nombre.

De style Art nouveau caractérisé par ses lignes en coup de fouet, le monument est l'œuvre d'Henry Van de Velde. Artiste novateur, il se situe aux origines de l'Art nouveau en Belgique au même titre que ses confrères Paul Hankar (1859-1901) et Victor Horta (1861-1947).

Pour le monument à Frédéric de Mérode, Henri Van de Velde adopte la forme d'une stèle en pierre bleue intégrant deux œuvres de son beau-frère, le sculpteur Paul Du Bois. La figure imposante d'un combattant veille sur le portrait en médaillon du comte de Mérode intégré au sommet de la stèle. D'une expression juste et puissante, les œuvres en bronze du sculpteur apportent un bel équilibre au graphisme nerveux de la composition de l'architecte.

Crèche Jeanne Ashbé - verrière du préau couvert
Verrière du préau couvert © CPH

Date de création : 1907 à 1908
Architecte : Fernand Symons (1869-1942)
Décorateur : Adolphe Crespin (1859-1944)

La crèche de la rue de Locquenghien n° 16 est actuellement baptisée du nom de Jeanne Ashbé (1955-.), autrice et illustratrice de livres pour jeunes enfants.

Elle a été érigée par l’architecte Fernand Symons entre 1907 et 1908 dans un style Art nouveau mêlé d'influences éclectiques.

La façade à rue est rehaussée par les œuvres du décorateur Adolphe Crespin. Comme pour le reste du bâtiment, l'influence de l'Art nouveau y apparaît de manière subtile notamment dans le traitement des linteaux et appuis de fenêtre de l'étage ou au niveau des grandes consoles qui encadrent la corniche. Sous cette dernière, Crespin a exécuté un très beau sgraffite polychrome représentant des putti et des guirlandes de fruits. Les impostes semi-circulaires accueillent des bas-reliefs illustrant les valeurs de l'enseignement symbolisées par le hibou et le coq, représentant l'éveil à la connaissance, et celles liées à la morale personnifiées par la poule et ses poussins.

À ce premier bâtiment qui abrite les fonctions administratives et de direction succède un vaste préau couvert d'une toiture vitrée. Cet espace est remarquable en raison notamment de l'emploi particulièrement soigné du métal pour sa structure et de la céramique pour les décors muraux.

Le fond de la parcelle accueille les locaux scolaires et le jardin d'enfants qui servait initialement à l'application des travaux pratiques de l'école ménagère. La cour de récréation était divisée en deux espaces dont subsiste la galerie de liaison supportée par des consoles d'influence Art nouveau.

Institut Diderot - Vue de la partie supérieure du préau et de la coursive de l'étage
Vue de la partie supérieure du préau et de la coursive de l'étage © CPH

Date d'inauguration : 1910
Décorateur : Henri Privat-Livemont (1861-1936)
Architecte : Henri Jacobs (1864-1935)

A partir de 1878, la Ville de Bruxelles se dote d'une école normale pour Institutrices. Cette institution vient compléter son équivalent masculin qui existe depuis 4 ans.

L'école normale occupe d'abord l'ancien couvent des sœurs noires, rue des Visitandines dont les locaux jugés vétustes et trop exigus sont abandonnés au profit d'une nouvelle implantation.

En 1900, Henri Jacobs qui commence à acquérir une réputation dans la réalisation de complexes scolaires est désigné comme architecte.

Il développe un projet où le visiteur est accueilli par une façade sobre en pierre blanche de Chauvigny de style Art nouveau. Les principaux effets décoratifs de l'Institut sont mis en œuvre dans le vestibule d'entrée et dans le grand préau couvert, largement vitré au nord-est. Le décorateur Henri Privat-Livemont y a réalisé des sgraffites symbolisant la Ville et différentes disciplines du savoir.

Le chantier du bâtiment inauguré en 1910 ne fut pas sans difficultés. L'architecte dut renoncer à la construction d’une piscine en sous-sol mais le bâtiment se vit doter entre autres d’un terrain de tennis, d'une serre et d'un site d'observation des astres grâce à la pugnacité de la première directrice de l'établissement, la physicienne Eulalie Torrekens (1874-1951).

La façade à rue construite en retrait était initialement devancée par un petit jardin. La révision de l'alignement en 1961 engendra la suppression du jardin et de toutes les maisons entourant l'école. Il permit à l'architecte de la Ville Daniel Detandt de lui adjoindre une aile supplémentaire dans la portion inférieure de la rue.

Ecole maternelle Catteau - Détail de l'entrée et de sa marquise
Détail de l'entrée et de sa marquise © CPH

Date de construction : 1898 à 1900
Architecte : Victor Horta (1861-1947)
Date de classement : 1976

En 1895, le bourgmestre de Bruxelles, Charles Buls (1837-1914), croise Victor Horta devant le chantier de la maison Frison. Séduit par celle-ci, il propose à l'architecte de dessiner l'école maternelle de la rue Saint-Ghislain.

Construit entre 1898 et 1900, le Jardin d'enfants n° 15 est un bâtiment Art nouveau d'une grande sobriété, auquel Horta voulait donner "un caractère de jeunesse loin du caractère solennel des autres architectures d'école".

Créé par une alternance de bandeaux de pierre blanche - Euville et Gobertange - et de pierre bleue, le dessin de la façade prend un caractère moderne et simple à la fois, avec un jeu discret de couleur. Les éléments Art nouveau se retrouvent tant dans la pierre finement sculptée de motifs floraux que dans les ferronneries à coup de fouet de la remarquable marquise de l'entrée. La partie centrale du bâtiment reprend l'entrée principale, le bureau de direction et la conciergerie, avec à droite, une travée plus haute comprenant l'escalier menant aux caves.

Les deux corps latéraux correspondent à deux des quatre classes réparties aux angles de la cour de récréation centrale, couverte d'une verrière.

L'école est classée depuis 1976. Elle a bénéficié d'une restauration entre 1995 et 2000, menée par Barbara Van der Wee, qui intègre à cette occasion de nouvelles fonctions telles que la cafétéria ou le dortoir, tout en respectant l'esprit de Horta, notamment par la prise en compte d'un éclairage naturel.

Maison du peintre Albert Cortvriendt - Détails de la travée de droite, consacrée à l'atelier, et des sgraffites
Détails de la travée de droite, consacrée à l'atelier, et des sgraffites © CPH

Date de construction : 1900
Architecte : Léon Sneyers (1877-1948)
Sgraffites : Adolphe Crespin (1859-1944)
Date de classement : 29 janvier 1998

En 1900, le peintre Albert Cortvriendt (1875-1920) sollicite l'autorisation de construire une maison d'habitation avec atelier d'artiste sur son terrain de l'actuelle rue de Nancy.

L'architecte Léon Sneyers réalise cette première œuvre architecturale à l'âge de 23 ans. Entré dans l'atelier de Paul Hankar (1859-1901) en 1897, il devient rapidement son principal collaborateur. Sneyers est également photographe, graphiste et décorateur.

L'architecte tire le meilleur parti du terrain large mais peu profond, en agençant et imbriquant de manière subtile les deux espaces principaux que sont la maison d'habitation et l'atelier. L'atelier s'établit aux étages de la partie droite et prend toute la profondeur de la parcelle. Il est éclairé par un grand lanterneau vertical lui procurant une lumière généreuse au nord-est. Le rez-de-chaussée de la partie atelier est quant à lui un vaste espace dédié à la salle de réception des clients.

En façade, on découvre une variété des matériaux tels que briques blanches à joints rouges, pierre bleue sculptée, pierre blanche, menuiseries. Les formes et les motifs ornementaux offrent à cet ensemble une grande élégance, appartenant à la tendance géométrique de l'Art nouveau. C'est notamment le cas des ferronneries, vitraux et sgraffites à motifs floraux attribués à Adolphe Crespin.

L'intérieur témoigne également d'une grande créativité au niveau des boiseries, cheminées, marbres, décors et mobilier entièrement conçus par Léon Sneyers.

L'ensemble a été classé en totalité le 29 janvier 1998.

Les Ateliers des Tanneurs - Façade à rue
Façade à rue © CPH

Date de création : 1909
Architecte : Fernand Symons (1869-1942)
Sgraffites : Géo Ponchon
Date de classement : 2001

L'entreprise spécialisée en vins et spiritueux Brias est présente à la rue des Tanneurs depuis 1892. En 1909, ce complexe est transformé par l'architecte Fernand Symons qui l'enrichit d'une magnifique façade-enseigne de style Art nouveau, ainsi que de deux grandes halles. Malgré sa longueur imposante, l'architecte réussit à composer avec les matériaux, les couleurs et le rythme pour conférer élégance et modernité à cette façade. Ainsi, la pierre blanche et les briques jaunes se marient avec les briques vernissées blanches et les sgraffites des arcades. Ceux-ci représentent les écussons des villes et régions viticoles les plus célèbres telles que Porto ou Bordeaux. La façade est couronnée d'une série de dés en pierre sculptée, dans un style Art nouveau géométrique. Elle est ponctuée d’un large fronton courbe, éclairant le vaisseau d'une des deux halles.

La référence à la vigne est présente sur les sgraffites, sur les ferronneries de la porte principale ainsi que sur la clef de voûte au sommet de l'arc monumental.

Formé à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, l'architecte Fernand Symons nous a laissé de nombreux bâtiments de styles très variés.

Le Palais du Vin a été classé en 2001, avec les anciens magasins Merchie-Pede voisins. L'ensemble a été converti en centre d'entreprises et en marché couvert et est donc accessible au grand public.

Carte postale ancienne du Monument à Max Waller
Carte postale ancienne du Monument à Max Waller, s.d. © AVB CI W-08387

Date de création : 1914
Sculpteur : Victor Rousseau (1865-1954)
Architecte : Joseph Van Neck (1880-1959)
Matériaux : pierre d'Euville, marbre blanc et bronze

Le square Ambiorix fait partie d'une succession d'espaces verts dessinés par l'architecte Gédéon Bordiau (1832-1904) et aménagés en 1880.

La présence d'œuvres au square Ambiorix est justifiée par une volonté d'exposer des artistes "modernes" dans le nouveau quartier de prestige qui se développe tout autour.

Le monument, installé en 1919, rend hommage à Max Waller (1860-1889), nom de plume du poète et écrivain belge Maurice Warlomont. Mort prématurément à 29 ans, il était le fondateur et directeur de la revue "La jeune Belgique".

Cette revue d'art et de littérature voit le jour en 1881, dans un contexte marqué par de profondes mutations sociales et politiques : la prospérité de la bourgeoisie contraste avec la paupérisation du prolétariat. C'est dans ce contexte qu'une élite intellectuelle émerge, en grande partie issue de l'Université libre de Bruxelles, pour proposer une société plus égalitaire. "La jeune Belgique" se réclame de l'avant-garde et œuvre pour une littérature belge aux caractéristiques spécifiques qui s'émancipe des influences françaises. Elle instaure un esprit novateur et de liberté.

L'architecte Joseph Van Neck intervient à la demande du sculpteur Victor Rousseau pour offrir un cadre architectural destiné à mettre en valeur la statue en bronze. La figure, de ses gestes amples et sereins, symbolise l'éveil de la pensée. Le monument s'inscrit dans le mouvement Art nouveau notamment par le traitement du drapé en courbes et contre-courbes.

Le profil du jeune poète délicatement sculpté en bas-relief dans le marbre blanc apparaît en portrait sous l'œuvre en bronze.

Monument funéraire de la famille Verheven
Monument funéraire de la famille Verheven © CPH

Date de création : 1911
Tailleur de pierre : Paul Burger
Architecte : Victor Horta (1861-1947)
Matériaux : granit noir, granit vert et bronze

Conçu en 1911, le monument Verheven est le dernier parmi les onze réalisés par l'architecte Victor Horta dans le domaine funéraire. L'œuvre résulte d'une commande passée par le conseiller communal bruxellois François Verheven (1846-1913).

Aux côtés de son confrère Hankar, Horta se situe aux origines de l'Art nouveau en Belgique. L'architecte fait également figure de pionnier en insufflant ce style dans les cimetières dès le début des années 1890.

Sobre et élégant, le monument Verheven est composé d'un haut socle, en granit noir norvégien, sur lequel repose un sarcophage, en granit vert suédois, au profil d'arc brisé - l'inspiration probable est ici celle des tombeaux antiques lyciens. Le lien entre ces deux parties est réalisé grâce aux six éléments en bronze qui soutiennent le sarcophage. D'un point de vue formel, ces derniers sont particulièrement caractéristiques du travail de l'architecte. Sur les faces latérales du socle, on retrouve des crochets, dans le même matériau, destinés à recevoir des couronnes mortuaires.

Les lignes principales de la composition sont empreintes de rigueur. Les six ornements en bronze viennent subtilement adoucir celle-ci. Horta offre ici une synthèse des deux tendances qui caractérisent l'Art nouveau : le végétal et le géométrique. Il s'inscrit également dans l'évolution que connaît ce style à partir de 1900 où les formes et surfaces tendent vers la simplicité et le dépouillement.

Attentif au moindre détail, Horta faisait réaliser des maquettes en plâtre des ornements qu'il concevait pour ses œuvres. Ceux imaginés pour le monument Verheven sont encore conservés au Musée Horta avec une étude miniature de la sépulture.

La Cellule Patrimoine historique remercie particulièrement Tom Verhofstadt et l'association Epitaaf pour les sources fournies sur le Cimetière de Bruxelles.

Monument funéraire pour la famille De Walsche - Détail de la partie supérieure avec typographie de style Art nouveau
Détail de la partie supérieure avec typographie de style Art nouveau © CPH

Date de création : 1897
Tailleur de pierre : Rombaux-Roland
Architecte : Louis Ernest S'Jonghers (1866-1931)
Matériaux : pierre bleue

Ce monument appartient à la typologie dite du soufflet laquelle résulte d'une combinaison entre une stèle et un sarcophage. Ce modèle de tombe trouve ici une expression particulièrement juste à travers le prisme de l'Art nouveau qui, par ses méandres, permet de créer une liaison quasi organique entre les différents éléments.

L'usage de motifs végétaux, caractéristiques de l'Art nouveau floral, accroit naturellement ce sentiment de fluidité et participe activement à la symbolique funéraire : par ses vertus psychotropes, le coquelicot - ou le pavot - évoque généralement le sommeil éternel. Au sommet de la stèle, un flambeau allumé représente l'espoir d'une vie nouvelle.

Ce monument en pierre bleue érigé en 1897 par l'entreprise Rombaux-Roland pour la famille De Walsche figure parmi les premières réalisations Art nouveau du cimetière de Bruxelles-Evere. Louis Ernest S'Jonghers qui s'est surtout illustré comme architecte de la commune d'Anderlecht par des réalisations de style éclectique, nous livre ici une œuvre sensible et équilibrée bien que traduite dans un style qui ne lui est pas familier.

La Cellule Patrimoine historique remercie particulièrement Tom Verhofstadt et l'association Epitaaf pour les sources fournies sur le Cimetière de Bruxelles.

Monument Huys
Monument Huys, Loeckx - Quasi.be © urban.brussels

Date de création : 1911
Tailleur de pierre : Entreprise Cordemans
Sculpteur : Jean Lecroart (1883-1967)
Architecte : Léon Sneyers (1877-1948)
Matériaux : pierre bleue, granit et bronze

La conception du monument funéraire Huys est due à l'architecte Léon Sneyers. Réalisés par l'entreprise Cordemans, la stèle et le socle sont en pierre bleue tandis que le sarcophage est en granit.

Également photographe, graphiste et décorateur, Sneyers se forme à l'architecture dans l'atelier de Hankar. Dès le début du 20e siècle, il participe à de nombreuses expositions internationales dont celle des arts décoratifs de Turin en 1902. Lors de cette manifestation, il découvre les créations contemporaines des écoles anglaise, allemande et autrichienne dont le style Art nouveau est davantage épuré.

Le monument Huys témoigne de l'évolution de l'œuvre de Sneyers au cours des années suivantes marquée notamment par la sobriété du style de la Sécession viennoise. Les volumes sont particulièrement simplifiés. La stèle est mise en valeur par deux acrotères. Leur surface est scandée de fines lignes géométriques tout comme, à l'avant, celle de la jardinière intégrée.

Exécuté par le sculpteur et médailleur Jean Lecroart, un bas-relief en bronze vient parachever l'ouvrage. Il use de la symbolique funéraire pour exprimer, avec une grande délicatesse, le décès prématuré de l'étudiant en médecine Eugène Huys. L'œuvre représente une pleureuse agenouillée, vêtue à l'Antique, portant sa main droite au front tandis que, de l'autre, elle tient une couronne funéraire. Cette dernière est constituée de fleurs d'immortelles afin d'évoquer la pérennité. À l'avant, une palme, attribut des martyrs, exprime la disparition du jeune homme en pleine force de l'âge. Au-dessus de la composition, des feuilles de laurier suggèrent une fois de plus l'éternité.

La Cellule Patrimoine historique remercie particulièrement Tom Verhofstadt et l'association Epitaaf pour les sources fournies sur le Cimetière de Bruxelles.

Ch. Samuel, Avant-projet pour le monument Wytsman, encre sur calque, 1898
Ch. Samuel, Avant-projet pour le monument Wytsman, encre sur calque, 1898 © archives suspendues du Cimetière de Bruxelles

Date de création : 1898
Sculpteur : Charles Samuel (1862-1938)
Architecte : Georges Hobé (1854-1936)
Matériaux : granit rose, bronze

La demande de concession pour un caveau familial remonte au décès de la mère de Juliette Wytsman en 1898.

Les peintres Juliette (1866-1925) et Rodolphe (1860-1927) Wytsman étaient actifs dans les cercles d'art belges les plus en vue de l'époque.

Georges Hobé était un menuisier ébéniste, créateur de mobilier et de décors intérieurs et architecte autodidacte.

Charles Samuel est un des grands noms de la sculpture belge de la fin du 19e et du début du 20e siècle.

L'architecte, le sculpteur et les deux commanditaires étaient intimement liés par leur pratique artistique. Le monument est le résultat d'un travail de collaboration, témoignant de convictions communes en matière de création : volonté de s'affranchir de l'académisme sans hermétisme et désir d'approcher la beauté par l'harmonie.

Selon les désirs des commanditaires, l'œuvre est sobre et dépouillée de tout élément de décor rapporté. Elle a été pensée par Hobé plutôt comme un élément de mobilier que comme un monument. Le traitement du matériau et la courbe de la partie supérieure dotent l'ensemble d'une élégance raffinée.

Le bas-relief de Charles Samuel a donné lieu à plusieurs avant-projets dont la succession a permis d'affiner la symbiose entre sculpture et architecture. La représentation d'un jeune homme nu personnifiant la douleur du deuil est fortement stylisée et participe de la volonté de traduire sans emphase un sentiment profond.

Cette tentative d'atteindre l'émotion par l'allusion plutôt que par la démonstration donne à cette œuvre délicate une couleur particulière, dans un environnement généralement assez emphatique.

La Cellule Patrimoine historique remercie particulièrement Tom Verhofstadt et l'association Epitaaf pour les sources fournies sur le Cimetière de Bruxelles.

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